Dans la mise en place du réseau urbain au Burkina Faso, il convient de savoir que quatre grandes périodes ont été identifiées, à savoir les périodes précoloniales et coloniales, la période de l’indépendance à 1983, la période de 1983 à 1995 et la période de 1995 à nos jours. Le Magazine Cité Elégance a bien voulu replongé sur l’historique du secteur de l’habitat et de l’urbanisme pour mettre en exergue toutes les réalités sur le passé du secteur.
La structuration actuelle du territoire burkinabè par les villes est la conséquence d’une évolution historique. Au titre de la période précoloniale et coloniale, il faut noter que l’urbanisation est une des conséquences de cette époque. Les villes sont apparues dans l’espace burkinabè au fur et à mesure que les peuples conquérants se mettaient en place. Les politiques foncières coloniales furent marquées par le mépris à l’égard du régime foncier traditionnel. Les pratiques urbaines de l’époque étaient marquées par la ségrégation spatiale. D’un côté, la ville européenne, de l’autre, la ville indigène, dépourvue d’équipements et insalubre.
Au niveau de la période de l’indépendance à 1983, les villes importantes étaient Ouagadougou (60.000 habitants) et Bobo-Dioulasso (55.000 habitants). Les critères retenus pour définir la ville étaient d’ordre démographique plus de 10.000 habitants et infrastructurel. En matière de politique foncière, le nouvel Etat indépendant est partagé entre la volonté de faire entrer le maximum de terre dans son domaine foncier national et de respecter le droit coutumier reconnu. Dans le domaine de l’aménagement urbain, plusieurs projets ont été initiés sur financement extérieur. Cette période correspond au démarrage de la promotion immobilière par la société immobilière voltaïque, SOPROGIM, CNSS et SONAR.
La période de 1983-1995 marque l’avènement d’un régime politique révolutionnaire qui rompt avec les habitudes de la politique d’aménagement du territoire, de planification urbaine et de promotion de l’habitat. Les premiers outils de planification font leur apparition de même que de nombreux programmes vont contribuer au développement des villes et à l’amélioration de l’habitat par la production de parcelles. L’aménagement foncier et la politique de l’habitat sont sous-tendus par les opérations de lotissement massif.
Au titre de la période de 1995 à nos jours, les politiques de l’habitat et de l’urbanisme, contrairement à la période révolutionnaire, se font dans un environnement national démocratique. A partir de 2006, on assiste à un renouveau du secteur de l’habitat et de l’urbanisme avec la création d’un ministère approprié, la création de la banque de l’habitat et l’adoption de la loi portant code de l’urbanisme et de la constitution.
Certes, le domaine de l’habitat et de l’urbanisme a évolué mais peine toujours à répondre aux exigences et aux attentes de la population.
Ismaël KIEKIETA (source : Politique nationale de l’habitat et du développement urbain)