Le lundi 15 octobre 2018, en marge de la cérémonie de la pose de la première pierre du mémorial Thomas Sankara, Cité élégance a recueilli des témoignages des personnes ressources et des personnes ayant côtoyé le père de la Révolution d’août 83.
Le Ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, M. Abdoul Karim Sango :
En ce jour anniversaire de la disparition du président Thomas Sankara, je profite à nouveau saluer sa mémoire. Le président Thomas Sankara a été un grand panafricaniste qui a sacrifié sa vie pour la dignité de l’Homme noir et le continent africain. Je voudrai aussi profiter de cet instant pour saluer l’engagement de tous les patriotes qui œuvrent sans relâche partout dans le monde à perpétrer l’idéal pour lequel le président Thomas Sankara s’est battu. L’activité de ce matin qui nous réunit est la preuve que Thomas Sankara n’est pas mort. Vous remarquerez que c’est avec beaucoup d’émotion et de responsabilité que j’entends procéder ce matin à la pose de la première pierre du mémorial Thomas Sankara traduisant ainsi l’engagement du gouvernement à la réalisation de cet ouvrage. C’est donc important que cette partie de l’histoire soit connue. Pour que nous soyons là, il a fallu l’engagement à un très haut niveau du président du Faso lui-même. Bien que ce matin, le président du Faso, sur son compte twitter a rendu un hommage à Thomas Sankara. Il a exprimé son engagement à œuvrer et là je cite pour l’aboutissement de la justice dans le dossier relatif à son assassinat. Je suis ému parce que Thomas Sankara a été et demeure ce grand panafricaniste qui a contribué à la réhabilitation de la dignité de l’Homme noir et du continent africain.
Le président du comité international mémorial Thomas Sankara , le colonel Bernard Sanou :
Le 31ème anniversaire de l’assassinat du président Thomas Noel Isidore Sankara et de ses douze compagnons nous offre l’occasion de commémorer ce triste évènement et de nous remémorer ce sacrifice ultime que le président du Conseil national de la Révolution a accepté assumer avec lucidité, courage et dignité. Les rectificateurs de la Révolution d’août 83, après les déclarations mensongères et promesses non tenues ont tout mis en œuvre pour tenter non seulement de salir la mémoire du président Thomas Sankara mais encore de la rayer de l’histoire de la marche radieuse de notre veillant peuple mature et éclairé. La suite des évènements est assez éloquente et je n’en dirai pas plus. Seule la lutte paie et libère, disait-il. Aujourd’hui, les héritiers, amis, sympathisants de la nation toute entière veulent le faire renaitre de ses cendres et où ? Sur le site du Conseil de l’entente où un jeudi dans l’après-midi, il est sorti de la salle de réunion à côté, les mains en l’air et il a été fauché par les balles assassines et traitresses. Le choix de ce site a été retenu au cours du colloque international tenu au Conseil burkinabè des chargeurs comme on vous l’a dit en octobre 2016 et validé officiellement par le gouvernement burkinabè. A cette occasion je demanderai un banc pour le gouvernement du Burkina Faso. Cette cérémonie de pose symbolique de la première pierre de la stèle sur laquelle doit reposer la statue du président Thomas Sankara et les bustes de ses douze compagnons est la matérialisation concrète du réveil du phénix afin que tous ses héritiers de par le monde aient un lieu de rencontre, d’inspiration et de ressourcement de l’idéal du président Thomas Sankara afin de continuer à oser inventer l’avenir. Cet espace constituera un environnement assaini et de créativité ouvert à tout homme épris de paix, de fraternité et d’amour d’où pourra être engagé des luttes pour des combats nobles et justes pour le présent et futur. Ainsi l’avènement d’un espace vital et régit par les valeurs d’humaniste, de justice pacifismes de dignité, de respectent de la vie et des libertés sera bientôt une réalité. Ce jour 15 octobre 2018 doit être vécu comme un jour d’espoir et de renaissance.
Député et Ex-Ministre de la Culture, M. Thairou Barry :
Les valeurs d’éthique, de solidarité et surtout de foi à la destinée d’une nation quel que soit ses ressources transmises par le président Thomas Sankara sont aujourd’hui en perdition. Le devoir des citoyens c’est d’œuvrer résolument à les réhabiliter parce que sans ses valeurs le Burkina Faso ne mérite même pas son nom.
Le Secrétaire général national des CDR, le Colonel Pierre Ouédraogo :
Il y a des moments de l’histoire où le peuple a besoin d’avoir des leaders capables et de leur montrer la route jusqu’au bout et ce n’est pas tout le monde qui peut le faire. On ne demande pas à tout le monde de le faire mais seulement un peu. Nous, en tout cas, nous l’avons fait. Il y a plusieurs personnes qui ont demandé à Thomas Sankara de les laisser faire le travail mais sa réponse a toujours été non. Il a toujours choisi de ne pas trahir son peuple et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, il est un homme reconnu dans toute l’Afrique. N’oubliez pas que s’il rentrait dans l’histoire comme celui qui a assassiné son meilleur ami, son frère ; cela serait autre chose. Il a été différent des autres présidents parce qu’au nom de ses principes, il a été capable d’accepter la mort. On ne dit pas qu’on aurait souhaité qu’il meure mais je pense que s’il était rentré dans l’histoire comme l’assassin de son meilleur ami, je vous assure qu’aujourd’hui, vous ne serez pas ici et l’Afrique n’allait plus connaitre le Burkina sous Thomas Sankara. C’est pour dire que son sacrifice n’est pas inutile.
Coordinatrice des CDR, Mme Ganou Damata :
Merci aux femmes d’être les dignes héritières de Thomas Sankara qui croyait aux femmes. Il se disait et avait raison que l’avenir de l’humanité c’est les femmes parce que vous ne pouvez pas martyriser, féodaliser et que sais- je encore plus de la moitié de la population et puis vous allez vous développez. Cela n’a pas de sens. Pour enchainer, je vais dire que le capitaine Thomas Sankara a beaucoup fait pour les femmes et je ne sais pas si ma mémoire pourrait tout citer. Je veux parler du marché au masculin et vous n’étiez pas nés c’est-à-dire obliger les hommes à aller au marché pour voir comment les femmes aussi souffrent pour acheter les condiments. Aujourd’hui vous envoyez vos hommes au marché mais à l’époque si vous lui dites de partir il va vous gifler. Avec nos camarades mamans, nous avons luttez pour l’opération ‘’mana mana’’(le balayage de la rue) car pour être digne il faut être propre. Pour les histoires des foyers améliorés, Sankara était trente ans en avance parce que quand il partait dans les campagnes, il voyait les femmes bruler du papier pour préparer et il a demandé pourquoi ? Elles lui ont répondu que le bois était cher alors quand il est arrivé en ville il a lancé l’opération foyer améliorée. Il luttait contre la divagation des animaux et la coupe abusive du bois. Il a voulu instaurer la monogamie de manière intelligente car il a demandé le vote des femmes du Burkina pour avoir leur avis sur la question. A l’époque, il avait décidé qu’il y aura un PSP (poste de santé primaire) dans chaque village pour permettre aux femmes d’accoucher facilement car il ne supportait pas la souffrance de celles-ci ainsi que la construction des cités en ville. Ce sont là tous les acquis sous la Révolution. Je dirai que le capitaine Sankara était humble car lui-même il ne voulait rien mais voulait grand pour son peuple.
Assata Sinaré (stagiaire)