La question des toilettes publiques est un sujet crucial dans la ville de Ouagadougou, depuis de nombreuses années. Inconsciemment lié au caractère tabou de la problématique, le sujet est toujours traité avec une certaine négligence. Longtemps décrié par l’artiste mélomane Sana Bob, on déplore toujours l’absence de toilettes publiques dans certains points importants de la ville. Pourtant le soulagement est un besoin humain fondamental.
Faire ses besoins demeure une nécessité naturelle, la possibilité d’avoir accès aux toilettes en ville semble être un service anecdotique. Et pourtant nous en avons tous besoin au quotidien. Le droit de miction, c’est-à-dire le droit de se soulager, ne devrait-il pas devenir un droit pour tous en ville ? Combien sont ses étrangers et ses touristes qui peinent à trouver des toilettes pour satisfaire leurs besoins ? Combien sont-ils à transformer les caniveaux en urinoirs ? La question des toilettes publiques relève aussi du droit et de l’aménagement des espaces publics.
La raréfaction des toilettes publiques pousse inévitablement des citadins à faire leurs besoins dans la rue. Si faire ses besoins à ciel ouvert à toujours existé dans la ville de Ouagadougou, ce n’est probablement pas sans raisons que se développent depuis peu de nouvelles installations anarchiques et archaïques, mises en place par certaines personnes pour lutter contre ce phénomène et témoigner du manque criard des toilettes publiques à Ouagadougou. La capitale politique du Burkina Faso doit forcément se pencher sur la question : comment les citoyens peuvent-ils satisfaire leurs besoins ? Cela reste une question de plus en plus prégnante, avec la hausse de la population, des personnes sans domicile fixe. La mise en place de toilettes publiques permettrait un accès aux démunis à l’intimité et à l’hygiène en réduisant les épanchements d’urines.
La construction des toilettes publiques pourrait résoudre le problème de la déjection mais aussi la question du chômage. En effet, la mise en place des toilettes publiques nécessite un personnel pour l’entretien. C’est également une stratégie qui pourrait générer des capitaux pour les municipalités.
On invite donc nos villes à prendre plus au sérieux cette thématique afin de permettre à tous de satisfaire leurs besoins. Œuvrer pour plus de toilettes en ville sera demain le moyen de rendre ses espaces publics plus propres, davantage adaptés aux besoins de ses visiteurs et habitants, mais aussi d’agir pour plus de dignité humaine pour tous !
Ismaël Kiekieta