La démographie galopante et le besoin criard de logements, engendrent des dysfonctionnements dans le domaine de la construction dans les grandes villes du Burkina Faso. Les principes élémentaires de la législation sont foulés au pied. Afin d’apporter des éléments de réponse à ce phénomène non reluisant, l’architecte-urbaniste Jean KABORE s’exprime sur la question.
Quelles règles primaires faut-il prendre en compte quand on veut construire des logements respectant les normes ?
La satisfaction en besoin d’habitation est l’un des défis majeurs auxquels l’État burkinabè fait face. Malgré les politiques de promotion d’habitat, il y a beaucoup à faire pour satisfaire une population qui s’accroit à un rythme effréné. A cela s’ajoute le non-respect de la législation en matière de construction. Ces règles diffèrent selon les zones et les usages des bâtiments. Les bâtiments dans les zones commerciales n’ont pas forcément les mêmes règles que les bâtiments pour abriter une famille. Par exemple, il est important de laisser minimum un mètre entre la limite de la parcelle et la maison pour faciliter une intervention facile en cas de danger. En construisant, il faut trouver d’abord des solutions aux éventuelles catastrophes avant de trouver des solutions de confort. Il est judicieux de s’approcher de l’administration (Centre de facilitation des actes de construire CFAC) en charge de la question pour avoir votre permis de construire pour éviter tout désagrément.
Quels comportements faut-il éviter en milieu urbain ?
Selon les prévisions le taux d’urbanisation au Burkina Faso passera à 35 % d’ici 2025. Pourtant, plusieurs comportements qui ne riment pas avec le milieu urbain sont constatés. Par exemple, la cohabitation de certains citoyens avec des porcheries, des poulaillers tout en sachant que c’est très nuisible non seulement pour lui, et pour son voisin. Pour faire de nos villes modèles et de références, l’administration doit pleinement jouer sa partition en facilitant les tâches aux citoyens qui ont la bonne volonté et qui veulent suivre les normes.
Quelles solutions préconisez-vous face aux besoins de logements et à l’extension démesurée de nos grandes villes ?
La population du Burkina Faso augmente vite pourtant la production en termes de logements ne suit pas le même rythme. Cette population est plus dense dans les grandes villes particulièrement les villes de Bobo-Dioulasso capitale économique et Ouagadougou capitale politique qui compte près de 2 000 000 (deux millions) d’habitants. Il y a des citoyens qui possèdent des parcelles et n’arrivent pas à les mettre en valeur ou les conservent pour leurs enfants qui naitront dans dix ans voire plus tard. Par conséquent les villes s’étendent de façon démesurée. La solution pour abriter ces populations dans les années à venir c’est de concevoir des bâtiments en hauteur pourvu qu’il y ait des mesures pour évacuer les ordures ménagères qui seront produits. Il faut éduquer les populations à vivre dans des maisons en hauteur. Avec la contribution des architectes, les préoccupations telles évacuer les ordures, piler son piment, jouer sa musique sans déranger son voisin en étant en hauteur, peuvent être résolues sans beaucoup de difficultés. Il y a lieu d’accorder beaucoup d’importance à ces immeubles d’habitat collectif. Il faut obliger les opérateurs économiques à construire en R+ tout en rapprochant les lieux de service des populations. Cela doit s’accompagner par la promotion des transports communs pour faciliter les déplacements des populations. Avant que les immeubles à habitation collective ne soient une réalité, il est important de respecter les règles dans les constructions de logements.
Kadilè SANA