L’Amicales des Bénéficiaires des Programmes d’Echanges Culturels entre les États Unis et le Burkina Faso (ABPEC/US-BF) a initié dans la soirée de ce vendredi 07 juin 2024 au Goethe-Institut à Ouagadougou, une Soirée à thème sur la diversité culturelle. Et c’est sous le thème « La diversité culturelle comme moteur de développement du Burkina Faso» que les imminents panelistes ont mis à contribution leurs savoirs et connaissances. Il s’agit principalement du Pr Alkassoum Maïga, du Pr Valérie Rouamba, du Dr Poussi Sawadogo, de l’honorable Juliette Kongo et de Madame Alimata Tanly. Cette soirée à thème a été rendue possible grâce à l’accompagnement de l’Ambassade des États-Unis.
«Le Burkina Faso est un pays riche de sa culture, avec une population composée de plus de 60 groupes ethniques. Cette diversité culturelle représente un atout important pour le développement du pays, car elle peut favoriser la créativité, l’innovation et la cohésion sociale surtout dans un contexte d’insécurité et de vivre ensemble difficile», voici décrit ce qui pourrait justifier et situer le contexte de cette Soirée à thème initiée par l’ABPEC. Cette soirée à pour objectif de donner un cadre aux alumni pour une réflexion poussée des problèmes contemporains du Burkina Faso, identifier les défis et les opportunités liés à la diversité culturelle, analyser le rôle de la diversité culturelle dans le développement du Burkina Faso et promouvoir la compréhension et le respect de la diversité culturelle au sein de la population burkinabè.
D’entrée de jeu, la Directrice du Comité d’Organisation, Bibata Fibiha Dinga, a pris la parole pour adresser des mots de bienvenue aux invités de la soirée. A elle de soutenir que c’est un évènement qui s’annonce exceptionnel avec un programme riche et varié. «En parlant de culture, un proverbe africain illustre magnifiquement son essence : “La culture est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs ; le souffle qui accroît la vitalité de l’humanité.” C’est donc avec une immense joie que nous vous accueillons pour célébrer ces multitudes de possibilités pour notre vie en société. Je saisis cette occasion pour exprimer ma gratitude envers l’Ambassade des États-Unis, le bureau de l’ABPEC et le Goethe-Institut. Je vous souhaite une excellente soirée et de très bons moments», a souhaité la Directrice du Comité d’Organisation.
Pour le Président de l’ABPEC et Président du comité d’organisation, Abdoul Afize Ouédraogo, Soirée à thème est une activité mise en place dans le but de partage de connaissances entre les détenteurs de cette connaissance avec le public burkinabè. Il a tenu à remercier l’ensemble des partenaires techniques et financiers qui ont permis la tenue effective de cette rencontre culturelle. «Merci à l’ENAM qui a été bien représenté. Merci au comité d’organisation, aux panelistes et aux participants. Je vous souhaite une bonne soirée riche en culture», a laissé entendre le Président.
La représentante de l’Ambassade des États-Unis, Jaime LODA, Directrice de la Diplomatie Publique lors de son allocution n’a pas manqué de soutenir qu’il faut saluer les organisateurs pour cette initiative. A l’entendre, le thème est particulièrement pertinent. « Avec plus de 60 ethnies le Burkina Faso possède une diversité culturelle inestimable. Ce qui lui confère une véritable force, capable de stimuler la cohésion sociale. Ce qui est une réalité aux États-Unis et au Burkina Faso. La diversité de notre population a au cours de notre histoire renforcer notre culture et notre société. Reconnaissant la contribution de la diversité culturelle, le département d’État Américain a mis en place des programmes et des échanges culturels entre les États-Unis et le Burkina Faso qui contribue à favoriser à renforcer les liens d’amitié et de coopération. L’Ambassade des États-Unis est fière de soutenir une telle initiative qui met en lumière l’importance de la diversité culturelle et son potentiel pour le développement», a t’elle confié.
Le Directeur Général de l’ENAM, Dr Jacob Y. YARABATIOULA a soutenu que cette initiative est un cadre d’apprentissage et c’est un honneur d’être associé. Il ajoute que la question de la diversité culturelle est fondamentale. « Si les futurs dirigeants de ce pays ne comprennent les enjeux culturels comment vont-ils promouvoir la diversité culturelle. La montée des couleurs réunie toutes les cultures. Si ce monde acceptait que nous sommes différents et que nos différences peuvent nous enrichir, on n’allait pas trop dépenser pour nous faire la guerre. Avec les ponts culturels, nous pouvons résoudre nos maux», a t-il affirmé.
Après les différentes allocutions, les prestations artistiques et le défilé traditionnel, place aux panels. Pour la première série, il s’est agi du Dr Poussi Sawadogo, de l’honorable Juliette Kongo et Mme Alimata Tanly de livrer des communications sur le sous thème «la Parenté à plaisanterie comme moyen de cohésion sociale».
Dr Poussi Sawadogo, premier paneliste de la soirée, pour sa présentation a livré un conte du Yargha et son lait de Rasmane Bassam pour tirer une importance de la parenté à plaisanterie.
« Ce conte fait le bonheur du peulh et du forgeron. La parenté à plaisanterie se présente comme un pacte de non agression et un vivre ensemble harmonieux entre les communautés. Et cela se matérialise par des moqueries et de l’ironie. Au Burkina Faso, il est impératif de faire la promotion de la parenté à plaisanterie», a-t-il déclaré.
L’honorable Juliette Kongo, deuxième paneliste s’est attardé sur la parenté à plaisanterie entre Moaaga et Samo. Elle peint l’historique des San et des Mossé. « Nous avons un problème d’éducation de nos jours. Nous avons épousé des valeurs étrangères qui nous conditionnent à être des hommes hybrides. Le retour aux sources est un impératif pour tout burkinabè. C’est dans ce sens que chaque être sera connecté aux valeurs ancestrales. La formation endogène est aussi une solution pour un retour aux sources», dixit Juliette Kongo.
Mme Alima Tanly lors de sa présentation n’a pas manqué de préciser que le Burkina Faso a une grande diversité culturelle. A elle de définir la parenté à plaisanterie en termes de fonction. « La parenté à plaisanterie fait véritablement partie des moyens pour la construction de la société. Elle obéit à des normes et des règles. Les injures et les moqueries lors de la parenté à plaisanterie doivent être impersonnelles. La parenté à plaisanterie est importante pour la cohésion sociale. La culture évolue et la parenté à plaisanterie évolue », a-t-elle confié.
La deuxième série de communication a été livrée par Pr Valérie Rouamba et Pr Alkassoum Maïga sous le thème «Les avantages de la culture pour une meilleure gestion de la cité».
Contre toute attente, le Pr Alkassoum Maïga choque l’assistance dès l’entame de ses propos en soutenant qu’il n’y a pas de culture burkinabè mais des cultures ethniques. Il s’explique en soutenant que les différentes ethnies n’ont pas les mêmes définitions des valeurs. Plus loin, il pose la question de savoir que deviendra le Burkina Faso si chacun devrait retourner à ses sources. Pour lui, il faut travailler à avoir une culture burkinabè, nationale qui définisse les valeurs de tous les burkinabè et c’est dans ce sens que l’on peut parler de nation.
«Il n’y a pas de culture burkinabè mais des cultures ethniques. Ce n’est pas la même définition de l’intégrité chez les mossé et les peulh. Il faut travailler pour avoir une culture burkinabè. Il nous faut l’intérêt supérieur de la nation. Si chacun retourne à sa culture on aura la tour de Babel. Ce n’est pas étonnant que l’on voit des décisions régionalistes lors des sessions à l’assemblée. On a besoin de plus d’éléments qui puissent rassembler les burkinabè », a soutenu le Pr Alkassoum Maïga.
Pr Valérie Rouamba lors de son intervention a insisté sur le fait que la culture peut être un levier pour la promotion de la bonne gouvernance et des valeurs d’intégrité. « Il y a des expressions culturelles riches et variées au Burkina Faso. Il y a des espaces où cette expression culturelle s’exprime. Il y a des fêtes culturelles et des sites culturels qui matérialisent la richesse culturelle du pays des hommes intègres. Cette richesse culturelle est confrontée à des défis de l’urbanisation et la mondialisation. La culture peut renforcer le niveau de la gouvernance. La culture est un puissant levier pour promouvoir la cohésion sociale. C’est un facteur de promotion du dialogue qui contribue à la paix et la stabilité sociale. Pour qu’il y ait une identité nationale, il faut des valeurs nationales. La culture est moyen d’expression et de mobilisation. On peut utiliser la culture pour valoriser la société burkinabè. La culture a toute sa place en période de crise et de conflit. Au sortir d’une crise, il faut écrire la mémoire collective», a-t-elle laissé entendre.
Du reste, il convient de noter qu’à l’issue de cette Soirée à thème initiée par l’ABPEC, des attestations ont été décernées aux différents panelistes. Un repas communautaire composé de mets locaux a mis fin à cette soirée à thème. Le Comité d’Organisation visiblement satisfait de la mobilisation donne rendez-vous pour les prochaines Soirées à thème.
Ismaël Kiekieta ✍🏼