Mouvement des hommes en noir : Les explications des actions menées par les avocats

Les avocats du barreau du Burkina ont terminé leur sit-in 20 mai 2019 par une conférence de presse à la Maison de l’avocat. A travers cette conférence, le barreau a fait sa lecture de la justice au Burkina Faso et a donné plus d’informations à la presse sur le mouvement qu’ils ont entamé il y a quelques semaines suite à la paralysie du système judiciaire au Burkina Faso.
Après que le barreau ait constaté le blocage de l’appareil judiciaire dû au mouvement d’humeur du corps des gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) depuis octobre 2018 d’une part, et de celui des fonctionnaires du corps des greffiers depuis le 19 avril 2019 d’autre part, les avocats, réunis en assemblée générale le 22 avril dernier, ont décidé de la suspension de la participation des avocats à toutes les audiences des cours et tribunaux sur toute l’étendue du territoire pour 96 heures. Ils ont organisé une marche pour le respect de la justice et des droits humains qui a eu lieu le 29 avril dernier. Au cours de cette marche, deux messages ont été remises au ministre de la justice, garde des sceaux d’une part, et de d’autre part au ministre des droits humains et de la promotion civique d’autre part. « Dans les messages remis aux autorités en charge de la question, assurer le fonctionnement de la justice est une mission régalienne de l’Etat, et il est dès lors impératif pour l’Etat de faire observer en tout temps et circonstances les principes de continuité et de permanence qui lui sont substantiels », explique le bâtonnier de l’ordre, Paulin M. Salambere.
Dans la décision prise par l’assemblée générale des avocats, la suspension devrait prendre fin le 6 mai 2019, mais elle a constaté à cette date que ses actions n’avaient pas été suivies d’effets. Raison pour laquelle, elle a décidé de reconduire la suspension pour deux semaines, d’initier d’autres actions dont le sit-in observé devant la MACO et à la suite de celle-ci la conférence qui avait pour but d’expliquer davantage à l’opinion nationale et internationale le sens des actions menées par le barreau. Le bâtonnier soutient : « Il ne s’agit donc pas d’une lutte syndicale, ni d’une lutte pour des intérêts corporatifs, encore moins d’une lutte de chapelle politique comme certains ont tenté maladroitement de le faire croire. Il s’agit d’un combat pour des principes, pour le respect des droits humains, pour le respect de l’Etat de Droit ». Et d’ajouter : « Cette situation de non-fonctionnement de la justice en des pans entiers qui prévaut depuis des mois dans notre pays, est une véritable négation de l’Etat de Droit devant laquelle le barreau, dans son rôle rappelé plus haut, ne peut se taire. De notre petite expérience professionnelle, c’est la première fois que nous voyons dans un pays où la chaine pénale ne fonctionne pas pendant 8 mois et tout le monde est satisfait. Ça c’est une catastrophe».
Le barreau espère qu’au-delà de toute considération, l’Etat et les GSP sauront renouer le fil du dialogue comme cela a été avec les greffiers afin que la justice pénale reprenne également son cours et que l’Etat de droit reprenne ses droits au Burkina Faso. Il affirme qu’en tout état de cause, il suivra avec attention l’évolution de la situation et l’assemblée générale souveraine fera le point de la situation et des actions en cours et déclarera de la suite à donner au cours de sa séance du 27 mai prochain.
Assata SINARE

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