En marge d’un entretien accordé au Magazine Cité élégance, le président du Mouvement pour la solidarité et le droit au logement, M. Seydou Traoré a donné sa lecture de la sortie du Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme à propos de l’ultimatum lancé aux attributaires des parcelles non mises en valeur de la Zaca. Au cours dudit entretien, des sujets relatifs à la restructuration des zones non loties et au projet 40.000 logements ont été abordés.
Cité élégance (CE) : Comment appréciez-vous cette approche de restructuration ?
Seydou Traoré (ST) : Nous, nous apprécions à juste mesure parce que nous avons dit à l’Etat que nous ne voulons plus entendre parler de déguerpissement dans les bidonvilles (zones non loties). L’Etat a signé des conventions et il doit les respecter. Aujourd’hui, ils nous ont fait savoir qu’il n’y a plus de place à Ouagadougou pour les lotissements quand bien même que nous voyons des places. Mais comme l’autorité nous dit qu’elle n’a pas de place ; que faut-il faire ? Il a pris l’engagement de ne plus déguerpir quelqu’un et va respecter les conventions qu’il a signées. Maintenant qu’il veut faire ce qu’on appelle une restructuration de toutes les zones non loties. L’Etat, à travers cette restructuration, va procéder à des prises de vues, à la tracée des voies, à la délimitation des espaces pour la construction des infrastructures sociales de base afin de permettre aux populations de vivre décemment.
CE : Les logements sociaux et décents pour les populations, est-ce une utopie ou une approche réaliste et réalisable ?
Dire que c’est une utopie ! Dans tous les cas, depuis que nous existons, nous avons toujours laissé l’Etat dérouler sa politique nationale pour le logement. Les logements sociaux c’est pour répondre aux engagements du droit au logement dans la constitution et les conventions ratifiées. Effectivement, ils ont donné l’exemple en demandant aux entreprises immobilières de les accompagner. Partout où une entreprise immobilière doit aménager, elle est obligée de travailler en tenant compte de la réalisation des 40000 logements. Les entreprises immobilières attendent qu’on leur donne leur approbation et y a beaucoup qui ont déposé leur approbation et attendent seulement que le Ministère leur donne le feu vert. Elles ont les terrains. Je pense que le Ministère a aussi des terrains parce qu’il a fait aussi des recensements. Vous avez vu en ce qui concerne l’enquête parlementaire, ils ont plein d’espaces aménagés posés et je pense qu’eux aussi ils vont rentrer dans la danse. Donc pour le moment je ne pourrai pas dire qu’ils ne seront pas à mesure de pouvoir respecter. Voilà un problème pour nous, comme nous nous vivons de prêt et que nous voyons si nous remarquons que c’est de la démagogie qu’ils sont en train de faire, soyez rassuré que nous serons les premiers à animer une conférence de presse pour dénoncer cette pratique qui nous amène nulle part.
CE : Comment avez-vous accueilli la sortie du Ministre de l’urbanisme et de l’habitat relatif à l’ultimatum lancé aux attributaires de la ZACA à s’exécuter dans un délai d’un mois pour la mise en valeur de leurs parcelles ?
ST : Vous savez, aujourd’hui, nous sommes prudents vis-à-vis de l’autorité parce que dans le passé aucun Ministre, aucun Maire ne voulait rencontrer notre Association parce que non seulement, ils savaient que nous maitrisons notre domaine et la façon dont on les interpellait ils nous disaient qu’ils ne peuvent pas être une autorité et nous on les accuse de cette manière. Donc aujourd’hui, nous travaillons avec diplomatie en fonction de ce qu’on nous a formés au plan national et international. Compte tenu de cela, nous les suivons de près. Pour ce qui est du Projet Zaca c’est depuis longtemps qu’on devait attirer l’attention à ceux-là qui ont pris les terrains. Les attributaires, au moment de l’attribution, se sont engagés à respecter le cahier de charge. Si jusqu’à là c’est aujourd’hui que le Ministère prend le courage de dire qu’il va interpeller les gens, il n’a qu’à se dire qu’il y a des textes qu’il doit respecter. Ce n’est pas parce que le Ministère est sorti dire que je donne un mois aux gens que le problème est résolu. Il est libre de le dire. Est-ce que dans les textes c’est comme ça qu’on doit procéder ?
Un mois je me dis que ceux-là qui veulent réaliser leur projet ils n’ont qu’aller s’assoir discuter car on ne peut pas en l’espace d’un mois donner un ultimatum et procéder au retrait. Qu’est-ce que la loi dit ? La loi dit que pour retirer un terrain, il faut notifier l’intéressé. Ce n’est pas par un communiqué seulement. Quand on parle de notification c’est par écrit et si vous lui écriviez, il a deux, trois ou six mois pour se mettre à l’ordre. Le Ministre n’a pas parlé de ça, il a donné un mois. Ceux qui ont fait la déclaration sont de grands urbanistes du Ministère et ils maitrisent très bien les textes. D’un côté, je donne raison au ministère parce que depuis plus de 10 ans vous n’êtes pas en mesure de respecter vos cahiers de charge. D’un autre, je pense vraiment que le ministère a beaucoup laissé faire. Et aujourd’hui ce n’est pas tard comme ils ont commencé à faire des pressions, je pense qu’ils vont trouver une solution. Je sais que c’est une stratégie pour amener les gens à aménager rapidement ces zones-là qui sont des nids de bandits et de drogués etc.
Propos recueillis par Adama OUEDRAOGO