Déjà, une semaine que nous avons assisté à la réouverture du grand marché Rood Woko. Cette réouverture se présente comme une goutte d’eau dans la mer pour les commerçants dudit marché. Cependant, elle n’est que partie acquise. Les conséquences ne tardent pas à se faire sentir.
D’une part, reconsidérons la mesure de fermeture des marchés. Entrée en vigueur le 26 mars 2020, il en est sorti une fermeture formelle de tous les marchés et yaars sans exception aucune sur la période allant du 25 mars au 20 avril 2020. A la date du 21 avril 2020, nous assistons à la réouverture d’un seul marché, ce qui signifie la remise au travail d’une infime partie de commerçants de la ville de Ouagadougou. Cela implique que la grande majorité de commerçants des autres marchés verront leurs amis du grand marché se faire des bénéfices et du profit contrairement à eux. Génération de jalousie, de haine et autres ressentiments. Que penseront ils ? Leurs autorités sont-elles injustes ou leurs commerces sont-ils moins importants que ceux du Grand marché ? Ces grognes ont d’ailleurs été remarquées hier à travers la marche des commerçants de Nabi Yaar et Sankar Yaar qui, dans un pays où ils vivent au jour le jour, ne peuvent pas comprendre une réouverture progressive qui n’a pas commencé par eux.
D’autre part, la réouverture du Grand marché se présente comme un vecteur puissant de contamination massive du coronavirus. Considérons les mesures mises en place pour empêcher ou dirions-nous diminuer la propagation du virus. Nous citons entre autres la mise en place salutaire de matériels de désinfection. Nous ne sommes pas sans savoir que des citoyens de ce pays, conscients ont refusé de se désinfecter les mains soit disant qu’il n’y avait personne d’infecté à l’intérieur du marché ; par conséquent, eux, ne courraient aucun risque. Ceux-ci se présentent alors comme un danger pour ceux de l’intérieur. Sans oublier, celui qui obéit, se désinfecte les mains ; mais le virus qui s’est posé sur son habit, son pied, son sac à main, son visage, son billet de banque, … n’a pas été éliminé. Au marché, l’on rencontre tout genre de personnes et de circonstances, il y a des frottements, des échanges de monnaie, de matériels, … La logique de contamination est alors simple et le risque élevé : une personne bien portante vient ‘‘prendre’’ le virus au marché pour repartir le ‘‘distribuer’’ à ses proches, qui feront pareil et ainsi de suite, un suicide assisté. Nous conviendrons qu’il est quasi impossible de stopper la propagation du virus dans ces circonstances.
Au vue de tout cela, il serait mieux d’ouvrir tous les marchés en même temps ; mais nous savons tous que ce serait acheter un billet d’avion pour les Etats-Unis, l’Italie ou l’Espagne ; c’est le chaos. Alors, après ces deux constats, nous pensons, sans être contre l’ouverture des marchés mais contre ses conséquences, qu’il serait mieux de fermer le marché en attendant d’adopter des dispositions mieux adaptées et ainsi traiter tous les commerçants sur un pieds d’égalité puis renforcer le ravitaillement pour ces derniers.
Charlemagne BILGO