Les villes reconnues partout comme « le moteur du développement » peuvent paraitre comme « le moteur du sous-développement » c’est-à-dire le moteur des problèmes. La fonction et l’usage du trottoir : faciliter le passage des piétons, n’est plus primordial. On assiste alors à l’occupation illégale et anarchique des espaces publics dans la ville de Ouagadougou. L’ampleur de ce phénomène est ainsi inquiétante.
L’occupation illégale et anarchique est aujourd’hui une réalité à Ouagadougou si bien qu’elle est banalisée. Pis, elle semble être la règle. La cause principale de l’occupation des trottoirs serait liée aux difficultés de la maitrise de la dynamique urbaine et de gestion de l’espace urbain en particulier. En effet, débordées par la croissance urbaine extrêmement rapide, les autorités locales et centrales adoptent « le modèle du laisser-faire ». La ville de Ouagadougou a une population estimée à environ 2,5 millions d’habitants sur une superficie de 280500 hectares. Au niveau de la municipalité, les moyens sont dérisoires par rapport à l’ampleur des tâches à réaliser. La crise de l’emploi des jeunes et la volonté de chacun de pouvoir gagner le minimum vital encouragent l’auto emploi dans tous les secteurs. Même avec un petit étalage dans un coin de la rue on y exerce ses activités génératrices de revenus. « Je vends sur les trottoirs depuis des années, je gagne ma vie ici, souvent la police municipale vient saisir nos marchandises mais où voulez-vous que je vende », dixit un commerçant du marché du 10, Ali Sawadogo.
On occupe illégalement le domaine public pour des activités ni commerciales, ni artisanales. C’est le lieu de rappeler que la prière musulmane tous les vendredis surtout aux bords des rues où les musulmans convergent en grand nombre sur le trottoir pratiquement transformé en mosquée. L’organisation des manifestations, mariages, funérailles et baptêmes, souvent sans l’autorisation des municipalités, occupent des rues entières pendant des heures. Les trottoirs sont souvent transformés en parking privés ou en parc automobile de vente.
Somme toute, les trottoirs font vivre et occupent plus d’un. Mais ceux et celles qui les occupent sont-ils en règle avec la municipalité ? Sont-ils en sécurité? la question de sécurité qui incombe est liée à la situation où les risques d’accidents sont élevés, en témoigne le drame de Boulmiougou. Faut-il sensibiliser ou faire déguerpir ? Dans tous les cas, il faut savoir qu’un déguerpissement a un effet immédiat mais pas à long terme puisque les occupants reviennent tôt ou tard.
Ismaël KIEKIETA