Entretien : Le bourgmestre de Ouagadougou fait le bilan trimestriel de l’approche ‘’Participation citoyenne à la salubrité’’

L’année 2019 a été décrétée année de l’engagement des citoyens à la propreté de la ville de Ouagadougou. Trois mois après la mise en œuvre de cette approche de participation citoyenne à la salubrité, une équipe de Cité élégance a voulu savoir davantage sur le sujet en tendant son micro au maire de la ville, M. Armand Beouindé, lors d’une conférence organisée par l’Association des blogueurs du Burkina. A travers les lignes ci-dessous, le maire fait le point sur les tenants et aboutissants de ladite approche.

Cité élégance : Vous avez  décrété 2019  comme  l’année  de la participation citoyenne à la salubrité. Qu’est ce qui a sous-tendu ou motivé une telle option ?

Le maire, Armand Beouindé : Le vivre ensemble, la participation citoyenne et la semaine de la salubrité, il faut qu’on arrive à le faire. Nous avons commencé par le curage des caniveaux. J’ai constaté que chez les Ouagalais quand quelque chose est bien, ils pensent que c’est naturel. C’est quand ce n’est pas bien que tout le monde élève la voix. En 2016 quand nous sommes arrivés à la mairie, il y a eu une inondation dès la première pluie mais en 2017 il n’y a presque pas eu d’inondation et personne n’en a parlé. En 2018, il n’y a pas eu du tout d’inondation. Vous savez pourquoi ? Ce n’est pas par magie c’est parce que tout simplement les caniveaux ont été curés. Cela n’a l’air de rien mais quand nous sommes sortis et nous avons donné l’exemple partout à Ouagadougou chaque jour dans les quartiers les gens sortent pour curer leurs caniveaux. Cela a été important de telle sorte que les deux années qui se sont suivies, nous avons eu moins de problème d’inondation.

Après le premier trimestre de la mise en œuvre de cette approche, quel bilan pouvez-vous

nous faire ?

Pour moi, le bilan est très satisfaisant parce que je suis surpris de l’écho que j’ai de l’appel qui a été lancé le 31 décembre 2018 en disant : c’est l’année de la salubrité. Quand nous avons fait le tour des leaders d’opinion : la hiérarchie au niveau des églises, des mosquées, des chefs traditionnels et nous leur avons donné ce message. Bientôt nous allons faire sortir un document qui s’appelle les 10 commandements de la salubrité de la ville de Ouagadougou. Pour le moment, je suis satisfait du bilan. Dans tous les arrondissements, il y a une initiative citoyenne qui est née pour la salubrité (200 appuis).

Nous avons commencé par le curage des caniveaux. A cela s’ajoute le grand canal du Moogho Naaba qui est en train d’être fait. C’est le principal exutoire  de la ville de Ouagadougou. Ce canal qui débute à Cissin longe l’église Jean XXIII et traverse le quartier Gounghin et va jusqu’au barrage N2. Dès lors qu’on a ouvert et on a ramené par de petits canaux l’eau dans les quartiers des bassins versant vers le canal, on a résolu une partie du problème. C’est pour dire qu’il y a des choses qui sont faites  mais peut-être que c’est la communication qui pèche.

Au niveau de la semaine de la salubrité, moi je suis heureux de constater que l’exemple que nous avons donné (on est sorti plusieurs fois avec des gants et on a balayé certains quartiers et certaines rues) a servi à quelque chose. Dans plusieurs quartiers aujourd’hui, il y a des habitants, des groupes de jeunes qui prennent des initiatives pour rendre propre leurs proximités. Mais pour que cela soit général, il faut que tout le monde s’y mette en attendant que nous trouvions une solution structurelle pour nettoyer la ville et ça, nous sommes en train d’y arriver parce que nous avons hérité de la brigade verte qui est la solution par excellence et qui a fait son temps. Cela fait 15 ans que ça dure et nos pauvres mamans à la recherche du revenu, viennent contre un salaire minimum pour balayer les rue très tôt les matins au risque de leur vie. Elles sont devenues inefficaces parce que leurs actions ne sont plus visibles dues à l’agrandissement de la ville. Leur nombre ne peut pas augmenter parce que nous n’avons pas les moyens pour embaucher plus. Cela nous coûte 1 milliard 200 millions par an.

Nous avons décidé de créer une société municipale pour le nettoyage de la ville en alliance avec des gens qui ont le savoir-faire. Le business plan est en train d’être fait pour voir comment cela va être rentable et comment nous allons pouvoir demander aux citoyens de participer par des taxes de ramassage. C’est cette solution durable et structurelle que nous sommes en train de peaufiner. Mais aujourd’hui comme cette solution est en cours de maturité nous sommes en train de mobiliser les citoyens parce que même si cette solution arrive, il va falloir que chacun change de comportement et accepte que la poubelle soit installée pour les ordures. C’est pourquoi nous avons érigé la police municipale en direction générale et nous avons créé la police de salubrité et de nuisance sonore et bientôt avec les élèves qui vont sortis de l’école au mois de juin, l’année prochaine vous allez voir des policiers qui vont être habillés autrement que les autres et le pollueur sera le payeur.

Après ce bilan, sommes-nous sur la bonne voie  pour  l’atteinte des objectifs d’ici la fin de l’année ?

Oui je pense que c’est concluant mais ce genre d’appel ne peut pas avoir un impact comme sous la révolution. Sous la révolution quand on disait travaux d’intérêts communs, on savait qu’il y avait quelqu’un qui s’appelait Thomas Sankara. On savait que le Comité de défense de la révolution  (CDR) était là pour être coercitif et si tu ne sors pas on va t’indiquer. Mais nous sommes en démocratie, aujourd’hui, il faut beaucoup de temps pour convaincre, pour mobiliser et il faut que tous les citoyens participent.

Propos recueillis par Assata SINARE

 

 

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