Le premier étalon d’or de Yennenga du cinéma burkinabè, Idrissa Ouédroaogo, est décédé des suites d’un accident cardiovasculaire(AVC). Sans pouvoir réaliser Boukari Koutou, son dernier projet.
Jamais un artiste burkinabè n’a reçu autant d’hommages posthumes au pays des Hommes intègres dans le monde. Le dimanche 18 février 2018, le jour de son décès, de nombreux cinéphiles et la nouvelle génération de cinéastes ont pris conscience de la dimension mondiale d’Idrissa Ouédraogo. La mort du réalisateur, producteur et scénariste burkinabè était le principal sujet des médias nationaux et internationaux. Une exposition médiatique appuyée d’une vague de témoignages d’institutions et de personnalités sur le curriculum vitae et même les déceptions du cinéaste décédé. Parmi ces déclarations, on peut citer celle du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui voyait en Idrissa Ouédraogo un promoteur du cinéma burkinabè et africain dans le monde. Pour lui : « L’Afrique perd avec sa disparition l’un de ses plus valeureux ambassadeurs dans le domaine de la Culture ». Ces manifestations de tristesse ont aussi suscité la colère des proches du cinéaste et de certaines sommités culturelles, notamment Etienne Minoungou (directeur des RECREATRALES) qui-sur sa page Facebook-dénonce un meurtre : « Quand nous mourrons, sachez-le, c’est un meurtre…Un meurtre prémédité. Personne n’est mort de maladie. Nous, les artistes et créateurs de ce pays. Nous mourrons de rage, de colère, de tristesse, de honte, de mépris, d’abandon… ». Des regrets, Idrissa Ouédraogo en a eu durant ces dernières années faute de financement de ses synopsis dont son dernier projet majeur ’’Boukari Koutou’’. Pour lequel, il parcourait, malgré ses soucis de santé, divers pays pour mobiliser les ressources et repérer d’éventuels sites de tournage. Oublié dans son propre pays, Idrissa Ouédraogo était néanmoins un prophète hors du Burkina Faso. En 2016, le diplômé de l’Institut des Hautes études cinématographiques(IDHEC) a été décoré dans l’Ordre national tunisien du mérite culturel par le président de ce pays, Béji Caïd Essebsi. Grande référence du 7e art burkinabè, l’ancien étudiant de l’Institut africain d’études cinématographiques de Ouagadougou (INAFEC) a commencé sa filmographie par des lauriers en remportant avec Poko, dans la catégorie court-métrage, le Grand prix du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Puis c’est la reconnaissance internationale avec son long-métrage Yaaba en 1988, lauréat du Prix de la critique du festival de Cannes en 1989. En 1991, Idrissa Ouédraogo est au sommet du cinéma burkinabè et africain avec Tilai, qui décroche le Grand prix du jury du festival de Cannes et l’étalon d’or de Yennenga au FESPACO.
Kris Nleta BALBONE