Le jeudi 29 novembre 2018, la Coalition Nationale de Lutte Contre la Vie Chère, la Corruption, la Fraude, l’Impunité et pour les Libertés (CCVC) a organisé une journée de protestation contre la hausse des prix des hydrocarbures à Ouagadougou. Cité Elégance a recueilli les propos de quelques manifestants qui ont pris part à ladite marche.
Manifestant : Tibo Nana
J’étais l’un des tout premiers Burkinabè à dire non à la vie chère. En 2008 si vous avez bonne mémoire, j’ai organisé une journée ville morte et c’était sur toute l’étendue du territoire burkinabè et cela a été une grande réussite et cela m’a couté très cher car j’ai fait trois ans de prison ferme. Ce matin je suis venu pour appuyer tous ceux qui ont eu le courage d’emboiter mes pas et soutenir les organisateurs (les syndicalistes). Courage à vous tous journalistes et courage à tous ceux qui sont là pour la justice, la cohésion nationale et pour la vérité.
Journaliste : Issaka Lingani
Cette marche a été un succès total et phénoménal qui doit amener le gouvernement à regarder les réalités tenir compte des exigences des Burkinabè. Cette augmentation inique et assassine ne se justifie ni économiquement, ni socialement ni politiquement. Ce faisant je crois que l’intérêt du pouvoir est de comprendre ce message et de reculer les prix des hydro carbures.
Membre de la ccvc : Basolma Bazié
Nous avons interpelé le gouvernement en 2006 sur le prix des hydrocarbures. En 2009, nous nous sommes battus et ils ont pris un décret pour mettre en place le comité ministériel de détermination de prix des hydrocarbures. En 2012, on a tenu un atelier à Bobo qui a fait une étude et cela a été validé en 2013. Mais depuis la validation de ces études jusqu’ en avril 2017, on nous dit que le premier ministère, le ministère du commerce, le ministère de la fonction publique mais aussi le ministère des finances viennent nous dire qu’ils ont fouillé tous leurs archives mais il n’y a pas les archives qui ont porte sur les ateliers de validation à Bobo. Ça c’est quel niveau d’irresponsabilité ? On ne peut pas l’admettre et donc voilà pourquoi nous exigeons à ce qu’on relise la structure du prix des hydrocarbures et même par rapport à la conjoncture quand le président du Faso dit que la décision qui a été prise n’a pas été de gaité de cœur, il ne pouvait pas faire autrement et que c’est normal ,on se pose vraiment la question est ce qu’il maitrise véritablement les conditions de vie de la population qu’il dirige ? Parce que si on devait impacter véritablement le prix du carburant à la pompe par rapport au prix du dollar et au prix du baril aucun litre du prix d’hydrocarbure ne devrait exceller 300 francs Cfa dans notre pays. Mais quand vous volez et mentez à un peuple, vous êtes en train de violer la constitution du 2 juin 91 qui stipule que les ressources appartiennent au peuple et sont utilisées pour améliorer ses conditions de vies donc si vous voler et mentez au peuple vous êtes des voleurs. Le peuple burkinabè est tellement digne qu’il n’a pas besoin de dirigeant voleur donc en temps opportun si on nous pousse jusqu’ à nos limites nous allons indiquer que de la même façon que les devanciers ont pris les responsabilités en détournant des vivres on va le faire. Vous avez constatez que même ceux qui ont un revenu mensuel n’arrivent pratiquement pas à faire face à cette situation ni à s’assurer un véritable repas par jour. Ils n’arrivent pas à scolariser les enfants. Vous savez très bien que depuis la dévaluation du francs CFA en 1994, le pouvoir d’achat a été érodé à plus de 50%. De 1994 à aujourd’hui, nous avons l’inflation qui va jusqu’à 3%. Même quand on prend la moitié qui est 1,5%, là aussi nous allons prendre 4,5% et cela fait en gros 90% du pouvoir d’achat érodé. Ce qui signifie qu’en 1994 si tu touchais 100.000 francs même si aujourd’hui tu touches les mêmes 100.000 francs, les 100.000F ce que cela pouvait vous permettre d’avoir en 1994, aujourd’hui, cela a été ramené à une valeur de 10.000 francs. Ce qui veut dire que ça ne va pas. Cela veut dire ce que 10.000 francs pouvait vous permettre d’avoir en 94 et pour avoir la même chose aujourd’hui, il faut débourser 100.000 francs. Ce qui veut dire que les populations ne tiennent pas. Aujourd’hui quand vous prenez le SMIC qui est de 32.218 francs CFA. Avec 32.218 francs CFA qu’est-ce que vous pouvez faire avec cela ? Quand vous prenez un ministre qui touche par exemple 5.505.000 francs CFA en violant un décret qui dit qu’il doit toucher 1.155.000 francs CFA et quand on fait la différence cela fait 4. 500.000 francs CFA. Quand on prend ces 4.500.000 cela veut dire que ce ministre dans l’inégalité perçoit à lui seul le salaire de 135 personnes en SMIC et après ce sont ces mêmes personnes qui vont venir dire qu’il n’ y a pas de ressources. Le sous-sol est pillé, il y a des détournements au quotidien et il n’ y a pas de vérité ni de justice la-dessus. Voilà pourquoi nous avons dit devant l’histoire, il faut que le mouvement syndical prenne ses responsabilités. Il faut que le mouvement démocratique prenne ses responsabilités parce que nous ne pouvons pas continuer à fermer les yeux et regarder des gens qui vont venir s’organiser et recevoir des instructions de Bretton Woods et appliquer de façon drastique des décisions qui viennent de l’intérieur ou de l’extérieur qui vont venir bloquer la vie saine des populations de cette façon. Quand vous prenez le code du travail qui a été bloqué dans sa relecture ou on licencie au quotidien des travailleurs et l’intéressé se retrouve sur les carreaux et il n’a plus de revenu et il va en justice, il a raison et les décisions de justice ne sont pas appliquées. Donc ce sont tous ces éléments qui font que l’on ne doit pas prendre des positions pour plaire aux gouvernants. Si nous ne nous assumons pas, les générations futures vont nous demander des comptes. Celui qui sait qu’il est sur un fauteuil présidentiel, ministériel s’il est incapable, on ne l’a pas attaché là-bas. Qu’il rende le tablier car nous sommes 18.000.000 d’habitants et il y a des gens qui sont capables de gérer le pays. Celui qui ne peut pas on ne t’a pas forcé et ce n’est pas la peine de venir dire que tu es venu trouver les caisses vides. On n’élut pas un président qui vient trouver des caisses pleines. C’est parce que les caisses sont vides qu’on t’a élu pour venir les remplir donc si tu es incapable, il faut te mettre de côté. Nous attendons de façon ferme les mesures qui sont en train d’être prises pour intimider les travailleurs, les étudiants et les élèves. Mais aussi les times tec tics de requittions de l’armée ou la gendarmerie pour faire peur aux travailleurs, nous lançons un appel à tous ceux qui portent la tenue que le procès qui se déroule à Ouaga 2000 que chacun doit tirer les bonnes leçons. Un politicien peut te donner des ordres, vous allez vous et exécutez et quand vous serez à la barre, il dira qu’il ne vous a jamais dit de le faire. Et c’est ce qui se passe et du reste ceux qui portent la tenue, leur moto ne se déplace pas avec de l’eau mais avec du carburant. Donc les conditions de vie sont tellement dures qu’on ne peut pas admettre de prise de décision telle qu’ils viennent de le faire.
Vendeur de livres : Prospère Simporé
Je pense que le gouvernement doit aller chercher l’argent dans les sites miniers, dans les grandes industries au lieu de vouloir piller le peuple parce que cela c’est un pillage. L’explication qu’ils nous ont donné ne nous convainc pas donc du coup nous sommes dans la souffrance, on se cherche et cela vient s’ajouter. Nous avons fait l’insurrection pour avoir le changement. Si aujourd’hui on revit ces mêmes calvaires c’est que nous sommes mal barrés. Je suis parfaitement d’accord pour cette marche parce qu’elle est une cause noble.
Propos recueillis par Assata SINARE et Ismaël KIEKIETA (stagiaires)