Manifestation à la MACO : Cri de cœur des parents des détenus de la MACO

Ce mercredi 10 avril 2019, les parents des détenus de la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou ont barré la voie juste devant l’institution du même nom. Ce comportement ayant pour but de manifester le mécontentement et le désespoir des parents qui sont interdits d’accéder à leurs parents détenus. Ils manifestent leur mécontentement à l’endroit du gouvernement burkinabè parce que la Garde de Sécurité Pénitentiaire a interdit les visites. A travers ces lignes, quelques manifestants s’expriment.

Epouse d’un détenu : Zalissa W.
Mon mari est enfermé ici il y a longtemps. Le samedi 6 avril 2019 je suis venue à la MACO pour lui rendre visite et lui apporter à manger mais je n’ai pas pu le voir. J’ai même amené mes enfants ce jour-là mais on nous a refusé l’accès et le dernier a même pleuré toute la journée. La garde de sécurité pénitentiaire m’a fait comprendre qu’elle a observé une grève et cela n’a pas donné de résultat et que c’est pour cela que je ne peux pas voir mon mari. Elle m’a expliqué que tant que le gouvernement ne prendra pas en compte leur demande il n’y aura plus de visites. Nous demandons alors au gouvernement de résoudre le problème qu’il y a au sein de la MACO afin que nous puissions rendre visite à nos proches. La vie en prison n’est pas du tout facile alors si on ne nous permet pas d’apporter de la nourriture et rendre visite à nos proches que deviendront-ils ? Que Dieu bénisse le Burkina Faso.

Epouse d’un détenu : Mamata S.
C’est un désespoir qui nous a conduits ici ce matin. Cela fait un an et quelques mois que mon mari est détenu à la MACO. Les responsable de la MACO nous ont interdit de rendre visite à nos maris parce qu’ils sont en grève. Nous ne pouvons plus leur donner à manger ni des provisions, ni les voir. Que les autorités de ce pays fassent quelque chose pour résoudre le problème des GSP afin que nous puissions voir nos maris. Lorsqu’il y a ce genre de problème, les détenus ne sont pas contents ainsi que leurs parents. Quand on envoie de la nourriture, cela n’arrive pas souvent jusqu’aux détenus et cela se gâte par moment. C’est un cri de cœur que je lance à l’endroit du gouvernement afin que papa Rock trouve une solution à notre problème.

Epouse d’un détenu : Balkissa T.
Nous sommes là ce matin parce que nous ne sommes pas contentes. Cela fait 9 mois que nos proches sont à la MACO sans jugement et la grève a commencé il y a 8 mois. Pendant ces huit mois ils nous autorisaient à rendre visite à nos proches mais depuis le jeudi 4 avril 2019, les visites ont été suspendues. Quand tu donnes la nourriture, il se peut qu’elle n’arrive pas jusqu’à l’intéressé. Même ce matin on a remarqué que certaines nourritures étaient gâtées. Les portes plats sont fatigués alors ils n’arrivent pas à transporter toute la nourriture jusqu’aux intéressés. Nous demandons au gouvernement de faire pardon et résoudre le problème des GSP car si leurs problèmes sont résolus nous aussi on aura une satisfaction.

Mère d’un détenu : Aminata P.
Le samedi j’ai amené de la nourriture et on m’a interdit l’accès. Aujourd’hui quand je suis venue c’était pareil. Depuis sept mois mon fils est enfermé ici et cela sans jugement. Je ne sais pas pourquoi on m’interdit de donner de la nourriture à mon fils et de lui rendre visite. Ils nous ont rien donné pour justifier leur comportement que je juge indigne d’un fils du Burkina Faso. Nous demandons de l’aide auprès du gouvernement afin que nous puissions rendre visite et apporter de la nourriture à nos proches. Nous demandons aussi le jugement des détenus afin que chacun puisse se situer sur son sort. Ce qui sont détenus ici sont nos maris, nos enfants, nos parents, etc.

Visiteur : A. F. Ouédraogo

Le mercredi, j’ai rendu visite à mon proche. Le samedi quand je suis revenu on m’a fait savoir qu’il n’y a pas de visite. Le dimanche je suis revenue et c’était pareil et aujourd’hui j’attends toujours. Les raisons pour lesquelles nous avons barré la voie c’est qu’en plus de l’interdiction des visites ils nous ont fait comprendre que nous ne pourrons plus envoyer de la nourriture à nos proches. Quand on la fait la CRS est venue négocier avec nous, en nous disant de débloquer la voie parce que notre demande sera prise en compte. Nous aussi nous attendons d’ici le samedi prochain si rien n’est fait et que si on barre la voie tant qu’il n’y aura pas de visite nous ne débloquerons pas la voie. C’est vrai qu’ils sont en grève depuis et le gouvernement ne fait rien mais ce n’est pas pour autant qu’ils vont nous interdire l’accès de la MACO et envoyer de la nourriture à nos proches. Quand tu envoies la nourriture le matin, souvent jusqu’à 16h l’intéressé ne peut pas entrer en possession de sa nourriture et cela risque de se décomposer. Nous demandons simplement aux autorités de trouver des solutions.

Visiteuse qui a préféré garder l’anonymat,
J’ai pu donner la nourriture ce matin mais je ne suis pas sûr que l’intéressé puisse l’avoir et je n’ai pas pu le voir. Nous demandons au gouvernement de résoudre le problème des GSP parce que si leurs problèmes sont résolus les nôtres aussi les seront. On nous a fait comprendre qu’ils vont arrêter même de prendre la nourriture avec les parents des détenus tant que leurs problèmes ne seront pas résolus. Il y a certains détenus qui sont malades et il faut qu’on leur achète des médicaments alors s’il nous refuse l’accès comment nous pourront savoir dans quel état se trouvent nos proches.

Visiteur qui a préféré garder l’anonymat
Si d’ici le samedi prochain, si on ne résoud pas notre problème nous allons faire pire que ce que nous avons fait ce matin c’est-à-dire amener des gourdins, des cailloux et nous n’allons plus barrer un seul côté de la voie mais toute la voie. La CRS a négocié pour qu’on débloque la voie parce des personnes de mauvaise foi peuvent profiter de cette situation pour faire des dégâts. Nous n’avons pas dit que nos proches n’ont pas merdé mais laissons nous leur rendre visite et leur apporter à manger. Avant on pouvait rentrer causer avec nos proches et savoir comment ils vont mais on nous a interdit tout cela.

          Propos recueillis par Assata SINARE

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