Mettre à la disposition des Burkinabè des logements décents et moins onéreux se pose avec acuité. Afin d’apporter sa pierre, que dis-je, sa contribution à la résolution de ce casse-tête chinois, la promotrice de Container’s Dream, Marietta Bella, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, propose une offre toute aussi nouvelle qu’innovante. Offrir aux usagers des maisons préfabriquées en conteneurs et des conteneurs aménagés, à coûts accessibles et adaptés à leurs besoins, tel est le challenge de Marietta Bella. Sa trouvaille, ayant bénéficié du soutien de Burkina Start-up, fait son bonhomme de chemin en apportant quelque chose de nouveau dans le secteur du bâtiment et de l’architecture.
Cité élégance : Veuillez-vous présenter aux lecteurs et lectrices de Cité élégance ?
Promotrice de Container’s Dream, Mariette Bella : Je réponds au nom de Marietta Bella, je suis la directrice de l’entreprise Container’s Dream. Je suis titulaire d’un master en marketing et management. Après le master, j’ai travaillé dans une agence de communication avant de m’installer à mon propre compte. C’est depuis cette période en agence que j’ai caressé le rêve de mettre sur pied Container’s Dream en élaborant moi-même mon business plan afin d’apporter une réponse à la problématique de l’accès au logement.
Qu’est-ce que Container’s Dream ?
C’est une structure évoluant dans le domaine des conteneurs préfabriqués et des conteneurs aménagés. Les conteneurs préfabriqués sont des conteneurs pré-faits c’est-à-dire fabriqués en fonction de notre besoin. Nous avons aujourd’hui des conteneurs sous forme de guichets automatiques, sous forme de bureaux, de boutiques même en toilettes privées comme publiques. J’ai donné le nom Container’s Dream à mon projet parce que c’était un rêve qui est devenu réalité.
Comment est née l’idée de mettre à la disposition de la population des maisons préfabriquées à partir des conteneurs ou des conteneurs aménagés? Quel a été le déclic ?
Le déclic, c’est que j’ai constaté que l’acquisition des locaux, des logements au Burkina Faso était devenue compliquée. Les terrains, vous pouvez en avoir dans les zones dites non loties à moindre coût. Mais, le véritable problème qui se pose est leur mise en valeur. Un exemple sur la route de Ouaga 2000, il y a des terrains là-bas qu’on a vendus à des gens qui n’ont pas pu les mettre en valeur jusqu’aujourd’hui. Quand je me suis assise, j’ai observé cela je me suis dit comment va-t-on faire pour construire si nos ainés ont du mal à le faire vue que nous sommes jeunes et voudrions avoir un toit dans quelques années? Je me suis demandée comment faire pour résoudre cette difficulté au regard des coûts élevés des matériaux de construction. Non seulement ils sont très élevés mais quand vous arrivez à construire, il y a les difficultés d’étanchéité qui se posent car certains techniciens du bâtiment n’arrivent pas à pallier ce problème-là. Quand j’ai regardé tout cela et après j’ai observé des conteneurs abandonnés qui s’usent avec le temps je me suis posée la question à savoir si on ne pouvait pas les utiliser pour autre chose? Au début je me suis dit que les gens qui n’ont pas assez d’argent pouvaient les utiliser pour faire des kiosques devant leurs portes. Mais après je me suis dit qu’on pouvait les transformer autrement et en faire quelque chose de plus que cela ? On peut en faire un logement et je me suis dit que c’est une bonne idée. Donc l’idée est partie de ce constat et questionnement. Après j’ai essayé de faire des recherches et voir comment on peut mieux adapter l’intérieur des conteneurs. J’ai rencontré des soudeurs, des maçons pour voir dans quelle mesure on pourrait cloisonner les conteneurs. L’autre interrogation était de savoir comment cela va se passer car n’ayant pas fait d’études en architecture et n’étant pas ingénieur en bâtiment ?
Depuis l’idée jusqu’au lancement du projet combien de temps cela vous a pris ?
J’ai d’abord travaillé en agence de communication et c’est ainsi que j’ai commencé à écrire mon projet. J’ai fait mon business plan moi-même et cela remonte à 2012. C’est en 2018 que j’ai postulé à Start-up Burkina et mon projet a été retenu. C’est ainsi que nous avons fait le lancement en février 2019.
Qu’est ce qui fait la singularité de Container’s Dream en termes d’innovation (la valeur ajoutée tant sur le plan économique, social et environnemental) ?
La viabilité économique du projet a été un atout pour moi car j’avais déjà des clients grâce aux prospections que j’avais faites avant même de me présenter au Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES). Sur le plan social et environnemental, ce projet a beaucoup touché les membres de jury parce que eux-mêmes, ils voyaient que la question de logements reste toujours un problème au Burkina Faso malgré la prolifération des sociétés immobilières. Et c’est un besoin pressant qui ne fait que se multiplier. Ils se sont dit que si le projet est bien cadré et accompagné, il peut beaucoup aider à résoudre ce problème de logements au Burkina Faso. Quand j’ai évoqué la question du coût et mon désir d’accompagner plus de personnes à acquérir un logement cela a été également un atout parce que mon but ce n’est pas seulement de m’enrichir mais que mes frères et sœurs burkinabè disent demain que c’est grâce à cette dame que j’ai pu avoir un logement. Ce que nous faisons est d’abord écologique. Nous ramassons et nous payons des conteneurs que nous voyons abandonner par les propriétaires. Nous les récupérons pour les transformer et revendre
Pensez-vous que Container’s Dream viendra changer la question de l’accès aux logements au Burkina Faso ? Autrement dit, Container’s Dream est-il la panacée au problème de logement au Burkina ?
Je dirai oui. Aujourd’hui grâce à Container’s Dream, nous enregistrons des commandes d’institutions internationales intervenant au Burkina Faso. Et moi je peux dire qu’à quelque part cela aide beaucoup car il y a des gens qui les commandent soi pour en faire des magasins ou des habitations.
Quelles sont les modalités pour souscrire et acquérir un logement à Container’s Dream ?
En ce qui concerne les modalités de payement, vous pouvez passer par la banque pour souscrire car nous sommes en partenariat avec certaines banques ou passer directement chez nous la faire et nous vous délivrerons des reçus. Et quand vous payez jusqu’à 50%, nous entamons la construction et à la fin du paiement nous vous remettons vos clés.
Quelles sont les différentes catégories de maisons ?
Nous avons plusieurs types de maisons préfabriquées. Nous sommes en train de travailler avec les partenaires pour les R+. Mais actuellement nous travaillons sur la conception d’un grand catalogue pour la présentation des différentes catégories de maisons afin de permettre au grand nombre d’en enquérir pour les logements sociaux. Du coté économique et du grand standing, nous faisons aussi des propositions à ceux qui veulent des maisons de « luxes ». Notre but est de permettre à chacun selon ses capacités financières de pouvoir s’en acquérir. A la base nous avons les types standards : des chambres salon; deux chambres salon, douche interne et cuisine ; trois chambres salon, douche interne, cuisine, avec l’électricité et toutes les commodités.
A quel intervalle varie le prix de vos produits du moins chère au plus chère ?
Les prix vont de 10 millions à 15 millions FCFA en fonction de la catégorie et de la superficie. Maintenant nous sommes en train de revoir notre catalogue et les standings des maisons parce que quand nous avons fait cela, c’était en fonction du mètre carré et il y a des gens qui sont venus nous voir pour savoir à combien s’élèvera le prix s’ils voulaient des maisons plus grandes ? En ce qui concerne les maisons préfabriquées, le type F2 est à 10 millions FCFA pour 25 m2, le type F3 à 12 millions pour 40 m2 et le type F4 à 15 millions pour 55 m2.
Quels sont les avantages de vos produits et services en termes de coûts, qualité, confort et durabilité ?
Avec Container’s Dream, on peut en faire des logis et cela revient encore moins chères que les maisons faites de manière conventionnelle. Il y a moins de stress parce que quand on vous donne un prix c’est pour prendre en charge toutes les dépenses (portes, fenêtres, installation électrique, sanitaire, etc.). Et nous venons et vous remettons votre clé. Avec les conteneurs préfabriqués, nous pouvons en faire de différents locaux. Il y a aussi les conteneurs maritimes. Ce sont des conteneurs standards qui transportent des marchandises de l’Europe en Afrique. Ce type de conteneur est modifiable. Et c’est là que nous parlerons d’aménagement. Nous les récupérons et les adaptons à ce qu’ils soient plus utiles. Etant donné que ce n’est pas fait pour habiter, c’est très lourd ce n’est pas habitable tant qu’il n’y a pas la climatisation. Donc nous les récupérons et faisons des ouvertures et mettons de l’isolation à l’intérieur afin d’en faire des locaux agréables à y vivre. Cela peut être des habitats, des bureaux, des logis. Les entreprises de BTP aiment ça. Il n’y pas d’inquiétude au niveau de la résistance des maisons préfabriquées car ces maisons sont beaucoup utilisées en Europe et aux Etats-Unis depuis belle lurette sans problème. Et pourtant, il y a plus d’intempéries sur ces continents qu’en Afrique. Donc si ces maisons arrivent à résister en Europe, en Amérique ; ce n’est pas en Afrique qu’il y’aura problème. Donc, il n’y a pas d’inquiétude à se faire à ce niveau. Il n’y a pas de trop grands vents chez nous en Afrique comme chez eux. Donc il y a encore plus d’avantages. La durée de vie de nos maisons préfabriquées, c’est 20 ans et plus. Cela ne veut pas dire qu’après 20 ans, il faut tout plier et jeter. C’est comme des maisons conventionnelles faites en briques où de temps en temps nous reprenons la peinture pour rafraichir la maison.
Quels sont les projets innovants en vue de votre entreprise ?
J’ai des projets innovants en vue mais comme vous savez que la concurrence ne s’amuse pas je préfère ne rien dire pour le moment (Ndlr : non sans humour et propos accompagnés de rires). Ce que je peux vous dire c’est que nous sommes en train de développer d’autres activités toujours dans les locaux préfabriqués mais qui n’ont rien à avoir avec les mêmes matériaux que nous utilisons actuellement. Nous avons déjà eu des partenaires avec lesquels nous allons travailler et nous sommes en train de murir la réflexion et à priori ces prix reviendront encore moins chers que nos prix actuels.
Quels conseils avez-vous à l’endroit des jeunes et surtout des jeunes filles qui voudraient se lancer dans l’entreprenariat mais qui sont assaillies par la peur et l’inaction ?
En tant que femme, je dirai aux jeunes filles qui veulent entreprendre d’avoir le courage, d’oser et ne jamais baisser les bras. Même quand vous essayez à plusieurs reprises et que ça échoue, il faut persévérer. Si je n’avais pas persévéré, je ne crois pas que j’allais arriver là où je suis maintenant et avoir le FBDES pour qu’il m’accompagne. Je voudrais leur dire d’avoir l’audace de se lancer en éviter la courte échelle de la vente de leur charme pour réaliser leurs rêves. Nous pouvons y arriver dans la dignité et la persévérance.
Propos recueillis par Adama Ouédraogo et Kader Sana