Calebasses renversées sur les têtes et avec divers messages, la cellule féminine du collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés « le mouvement femmes debout (MFD) » a exprimé son désarroi à travers un sit-in le samedi 22 juin 2019, au tribunal de grande instance de Ouagadougou avec l’appui d’autres organisations dans le but de faire bouger la justice.
A l’appel du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, à travers sa cellule féminine « Mouvement femmes debout », avec l’appui d’autres organisations, des femmes ont observé un sit-in devant le palais de justice, le samedi 22 juin 2019, à Ouagadougou pour dénoncer la lenteur de la justice dans le traitement du dossier de Yirgou et réclamer justice pour les victimes des massacres de Yirgou, de Sanmatenga et du Soum. Cette cellule estime que la justice vient avant tout processus de paix et de cohésion sociale.
« Non aux violences intercommunautaires », « plus jamais ça au Burkina Faso, « stop stigmatisation ! », « justice pour Yirgou », « oui à la cohésion sociale », tels sont les messages des pancartes que les manifestants déçus, calebasses renversées sur les têtes, ont brandi devant l’institution judiciaire. Ils n’ont cessé de scander le slogan « justice pour les victimes de Yirgou » qui ont tout perdu et qui sont en proie à la famine. Pour ces manifestants, la calebasse est un symbole de bienvenue pour toutes les communautés et est utilisée pour servir l’étranger. « Aujourd’hui, nous la portons en l’envers parce que ce qui doit servir de récipient pour mettre le zom-koom où le lait pour accueillir l’étranger est vide. Sur les sites, les déplacés n’ont plus rien à manger et cette calebasse est renversée pour montrer aux autorités que les déplacés meurent de faim », a fait savoir la porte-parole du MFD, Apsa Diallo. Elle invite le gouvernement de reconnaître que les éléments terroristes ne se trouvent pas dans une seule communauté. A travers ce sit-in, un appel est lancé au gouvernement afin qu’il soutienne les déplacés qui arrivent de différents sites et qui actuellement convergent vers Ouagadougou. La porte-parole du MFD souhaite la fin des exécutions sommaires mais aussi et surtout l’arrêt des massacres des différentes communautés, précisant que le combat engagé par sa structure n’est pas seulement pour la communauté peule mais «pour toutes les minorités qui sont stigmatisées ; qui se retrouvent à un moment donné face à une injustice de quelque niveau que ce soit », soutient-elle.
Prenant part cette prostation, le secrétaire général (SG) du CISC, Dr Daouda Diallo, confirme que le procureur de Kaya a donné l’ordre d’arrêter « les koglwéogo terroristes », soulignant qu’il y a des blocages dans l’exécution de la décision, car « les OPJ qui sont sous ses ordres obéissent à une certaine hiérarchie… ».
Le choix du Palais de la justice pour le sit-in n’est pas un hasard, c’est un symbole selon le mouvement afin de mettre en évidence le manque de volonté de rendre justice. « Si la justice faisait son travail, on ne serait pas dans l’injustice durant ces 6 mois », conclut Apsa Diallo.
Asta Wendkuni