Le Réseau International pour le droit à la protection sociale au Burkina Faso (INSPIR-Burkina) a organisé une conférence de presse ce lundi 23 décembre 2024 à Ouagadougou, pour interpeller les autorités concernées sur les insuffisances constatées dans la mise en œuvre des engagements pris par l’État envers le monde rural. L’événement a également permis de rappeler les engagements pris lors des Journées Nationales du Paysan de 2019 et 2021, visant à améliorer les conditions de vie et de travail des acteurs du secteur rural.
La protection sociale : une priorité
Pour Da Watif, Point Focal d’INSPIR-Burkina, la protection sociale est désormais une question essentielle qui nécessite l’attention de tous les acteurs concernés : gouvernement, société civile, partenaires sociaux et partenaires techniques et financiers. Selon lui, cette protection sociale doit être inclusive et couvrir tous les secteurs et couches sociales, y compris le monde rural, afin de garantir un développement équitable et durable.
INSPIR-Burkina, fondé en 2014, a développé et mis en œuvre des programmes de protection sociale depuis 2017, avec le soutien de partenaires techniques et financiers belges tels que We Social Movements (WSM), la Confédération Syndicale Chrétienne (CSC), les Mutualités Chrétiennes (MC), le Mouvement pour la Solidarité Internationale (MSI-BIS) et la Coopération Belge. Ces programmes visent à étendre la couverture de la protection sociale, notamment pour les travailleurs du secteur formel, informel et rural, qui sont des cibles importantes du réseau.
Les insuffisances dans la mise en œuvre des engagements
Bien que des engagements aient été pris par l’État pour favoriser le développement économique et social du monde rural, des insuffisances persistent. Le réseau INSPIR-Burkina a souligné, dans son programme 2022-2026, la nécessité de suivre de près la mise en œuvre de ces engagements. En particulier, l’État burkinabé a pris des engagements lors des Journées Nationales du Paysan en 2019 et en 2021 pour améliorer la condition de vie des paysans et stimuler la productivité agricole. Cependant, des lacunes demeurent, notamment dans l’allocation des ressources.
Par exemple, l’allocation des dépenses agricoles dans le budget public a diminué, passant de 9,8% en moyenne sur la période 2016-2020 à 8,5% en 2021, puis à 6,3% en 2023. Ces réductions impactent directement les initiatives de soutien à l’agriculture et à l’élevage, des secteurs cruciaux pour le développement du Burkina Faso.
Des appels à l’action
Lors de la conférence de presse, M. Dah a rappelé l’engagement de l’État à allouer au moins 10% des ressources publiques à l’agriculture, et à consacrer 30% de ce budget à l’élevage, conformément aux engagements de Malabo de 2014, dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA). INSPIR-Burkina a ainsi interpellé l’État sur l’importance de respecter ces engagements pour garantir un avenir prospère au secteur rural.
Les initiatives d’INSPIR-Burkina pour le monde rural
Selon Soré Djamila, membre du réseau, INSPIR-Burkina s’efforce d’améliorer les conditions de vie du monde rural en mettant en place des actions concrètes, telles que l’octroi de microfinances aux acteurs ruraux. Le réseau se positionne comme un acteur clé de la protection sociale, avec un objectif de plaidoyer pour un meilleur soutien aux travailleurs du monde rural.
Le secteur rural reste le principal moteur de l’économie burkinabé, employant 86% de la population (selon le RGPH 2006) et contribuant à 45% des revenus des ménages agricoles. Des mesures ont été prises pour améliorer la productivité agricole, notamment par la création d’espaces pour l’agriculture, l’aménagement du foncier et la réalisation de comptoirs d’achat dans les zones agricoles. Cependant, des lacunes demeurent dans la mise en œuvre de certaines de ces mesures, notamment en ce qui concerne le financement du secteur agricole.
L’objectif de cette conférence de presse était de mettre en lumière les insuffisances dans l’exécution des engagements pris par l’État envers le monde rural, et d’appeler à une révision de ces politiques pour mieux répondre aux attentes des acteurs du secteur. INSPIR-Burkina continue de plaider pour des actions concrètes en faveur de l’amélioration de la couverture sociale et du développement durable du monde rural au Burkina Faso.
Ismaël Kiekieta ✍🏼