Habitat au Burkina : Qu’est-ce que le droit au logement ?

Alors que l’on constate une floraison d’organisations de la société civile et mouvements qui militent pour la défense du  droit au logement au Burkina Faso ; le concept « droit au logement » est abusivement utilisé. C’est pourquoi, il y a lieu de marquer un arrêt pour mieux comprendre le concept de « droit au logement ». Qu’est-ce que le droit au logement ? Ceux qui le professent le comprennent-ils réellement ? Certains parmi eux ne font-ils pas l’amalgame entre droit au logement et droit aux parcelles ? A y voir de près et surtout dans le contexte du Burkina Faso, le droit au logement ne semble pas être la priorité mais la priorité des priorités est l’acquisition de parcelles. Tout le monde peut être logé mais tout le monde ne peut acquérir une parcelle ! Partant de cela, en quoi consiste le droit au logement ?

Le droit au logement c’est le droit des individus à avoir accès à un logement. Autrement dit, c’est un droit à caractère constitutionnel qui a pour but de garantir à tout individu le droit d’avoir un toit. Mieux, l’esprit qui anime ce droit est de faciliter l’accès au logement décent aux individus afin qu’ils puissent vivre leur intimité pleinement. L’article 17 de la constitution du Burkina Faso stipule que : « L’éducation, l’instruction, la formation, le travail, la sécurité sociale, le  logement, le sport, les loisirs, la santé, la protection de la Maternité et de  l’Enfance, l’assistance aux personnes âgées ou handicapées et aux cas sociaux,  la création artistique et scientifique, constituent des droits sociaux et culturels reconnus ».

 

Si le droit au logement est mentionné dans la loi fondamentale au niveau national et il est aussi inscrit dans plusieurs textes internationaux de promotion des droits de l’homme. Il est attesté dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels à son article 11 : « Les Etats parties au présent pacte reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions d’existence. (…) ».

Si les instruments juridiques promeuvent ce droit, sa compréhension et son application posent problème sous nos cieux et particulièrement au Burkina. Primo, pour le citoyen lambda burkinabè, le droit au logement suppose le droit d’accès aux parcelles et habiter dans sa propre cour. Ce qui sonne faux pour ne pas dire tout faux. Le droit au logement désigne le droit d’un individu d’avoir accès à un logement, fut-il social ou économique, peu importe qu’il soit décent et permettre à cet individu de vivre dignement, humainement parlant. Un travail de changement de mentalités doit être mené dans ce sens afin de permettre aux uns et autres de faire la part des choses entre avoir un logement et avoir une parcelle. De toutes les façons, tout le monde ne peut pas avoir sa propre parcelle. Il va falloir que les gens comprennent cela et que les acteurs engagés dans la défense du droit au logement travaillent pour faciliter l’accès aux logements. A ce niveau un travail très rigoureux doit être mené au niveau des promoteurs immobiliers qui devraient réaliser des projets de construction à niveau- (disons des habitations à loyers modérés (HLM)). En tout état de cause nos centres urbains ne sont pas extensibles ad vitam æternam par conséquent il va falloir encourager les constructions à niveau.

Secundo, comment s’y prendre pour l’application du droit au logement ? Qui peut revendiquer ce droit, le pauvre, le nécessiteux, les personnes vivant avec un handicap ? Par quel mécanisme ceux qui sont dans le besoin peuvent-ils réclamer ce droit ? Est-ce L’État ou les collectivités territoriales pour l’effectivité de ce droit ? Telles sont entre autres questions que l’on est en droit de poser ?

De toutes les façons, une réflexion sérieuse et une politique sectorielle adéquate doivent être menées pour permettre à ceux dont ce droit n’est pas respecté d’être logés décemment.

Adama Ouédraogo

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