Valorisation des déchets plastiques : « (…) des matériaux 6 fois plus résistants que le bois et 4 fois plus isolants que l’aluminium », dixit le Directeur de TECO2

« Des chercheurs qui cherchent on en trouve. Des chercheurs qui trouvent on en cherche », cette boutade du président Thomas Sankara n’a plus cours dans le contexte actuel du Burkina. Car de jeunes ingénieurs qui cherchent, qui trouvent et qui innovent, on en trouve. Parmi ces jeunes ingénieurs-innovateurs, il y a le promoteur de TECO2 qui fait des merveilles dans la fabrication des éco produits innovants avec des déchets plastiques. L’ingénieur en génie de procédé industriel, M. Calvin TIAM, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a bien voulu nous accorder une interview à travers laquelle il s’attarde sur la problématique de la valorisation des déchets plastiques,le protocole d’accord signé avec le ministère de l’environnement et l’entrepreneuriat des jeunes.

 

Cité élégance : Veuillez-vous présenter à nos lecteurs et lectrices ?

Calvin TIAM, je me nomme. Je suis ingénieur en génie de procédé industriel et énergie renouvelable. Je suis directeur général de l’entreprise TECO2 et je suis enseignant au 2IE. J’ai fait mes études au Burkina et en France pour pouvoir faire tout ce qui est plastiologie et comprendre la matière plastique dans sa complexité.

 

Pouvez-vous nous présenter la structure TECO2 ?

TECO2 est une entreprise de valorisation et de transformation de déchets plastiques pour pouvoir en faire des produits utilitaires tels que les bancs de classe, les toitures écologiques et des balises routières. L’entreprise TECO2 signifie Toiture Economique et Ecologique. En fait, nous sommes partis d’un constat parce que la plupart de nos habitats au Burkina Faso est délaissée en période de chaleur. La plupart des toitures de nos maisons sont faites en aluminium, les maisons sont surchauffées et les gens passent les nuits dehors.  C’est ce constat qui nous a poussés à transformer les déchets plastiques pour en faire des toitures écologiques. Avec le ministère de l’environnement on a signé un accord de collaboration qui stipule qu’on peut collecter les déchets plastiques. Il faut dire que nous sommes partis de plusieurs constats à savoir : la prolifération galopante des déchets plastiques, la déforestation et l’avancée du désert dans les pays d’Afrique sub-saharienne et le manque criard des bancs de classe dans les différents établissements scolaires. On n’est parti de ces constats pour concevoir les tables-bancs des établissements scolaires à partir des déchets plastiques.

 

Comment se fait la transformation des déchets plastiques en outils utilitaires ou matière première ?

Pour la fabrication, il faut avoir les éco-matériaux. Les matériaux que l’on utilise sont six fois plus résistants que le bois et nos tôles sont quatre fois plus isolants que les tôles en aluminium. Il y a un travail de fond avec plusieurs laboratoires dont le laboratoire d’éco-matériaux, le laboratoire des arts et métiers et le laboratoire de  plastiologie. Le challenge pour nous, c’était de trouver la composition idéale pour chaque produit. Les produits sont disponibles et nous sommes ouverts pour les commandes.

 

Quels sont les produits que vous disposez sur le marché ?

Pour l’instant nous sommes partis sur quatre grands produits, notamment les toitures, les table-bancs de classe, les meubles écologiques et les balises routières. Il y a aussi d’autres produits qu’on n’a pas encore mis sur le marché.

 

Quel est l’impact de l’accord entre la structure TECO2, le ministère de l’environnement et les populations?

Pour l’entreprise TECO2, cela traduit une maturité et l’innovation de la structure, la disponibilité des déchets plastiques et l’engagement du gouvernement burkinabè à accompagner les jeunes initiatives. Pour les citoyens, c’est un message fort pour les montrer qu’on doit et on peut sauvegarder l’environnement (le bois). Cet accord nous permet de travailler avec des associations qui s’occupent de la collecte et le tri des déchets plastiques.

 

Quel est le prix d’achat des déchets plastiques que vous collectez auprès des associations locales?

Les prix varient entre 75 FCFA et 125 FCFA le kilogramme. Il faut noter que tout dépend de la qualité des collectes et des tris des déchets plastiques. On s’occupe également du transport des matières premières jusqu’à notre usine de fabrication.

 

Est-ce que votre partenariat avec les associations de collecte s’inscrit dans un cadre formel ?

Notre partenariat s’inscrit dans un cadre formel, on essaye d’abord de former les femmes des différentes associations de collecte. Le gros souci dans un partenariat c’est la formation. La plupart des associations ont des déchets plastiques mais tant que ce n’est pas trié ça reste des déchets. Une fois triés et classés selon un certain nombre de critère, les déchets plastiques deviennent des matières premières.

 

En tant que jeune entreprise quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Les difficultés sont nombreuses. Il faut l’engagement personnel, être passionné, motivé et déterminé parce que l’on entreprend. La difficulté financière est réelle mais c’est parce que le projet n’est pas mature. Beaucoup d’entreprises veulent directement le financement alors qu’ils n’ont pas réellement pensé tout ce qui est aspect technique. La pratique sur le terrain est toujours un défi à relever.

 

Quel message avez-vous à l’endroit de la jeunesse qui veut entreprendre mais qui est souvent assaillie par la peur de l’échec ?

On ne peut pas réaliser un projet sans envisager un éventuel échec. En cas d’échec il faut juste améliorer la qualité du produit. J’aimerai dire à la jeunesse d’oser, de croire en soi et de permettre aux autres de croire en vous. Cela passe nécessairement par un travail acharné et un projet bien ficelé techniquement.

 

Quels sont vos mots pour conclure ?

Pour conclure, je voudrais remercier M. Mathias Maurer qui a su croire en TECO2. Ensemble on a mis une entreprise qui permet de transformer les déchets plastiques en granulés plastiques.Aujourd’hui TECO2 travaille avec ces granulés plastiques pour en faire des produits utilitaires.

 

Propos recueillis par Adama Ouédraogo et Kader Sana

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